Aux portes de la Semaine Sainte… Qu’il entre donc!
- bohleremmanuel
- 23 nov. 2020
- 3 min de lecture
Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 11 avril 2014. Libre commentaire d’Evangile pour le Dimanche des Rameaux et de la Passion (A): 13 avril 2014 (Mt 21, 1-11).

« Qu’il entre donc! »
Avec le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, nous franchissons la porte de la Semaine Sainte. Mais c’est une porte bien mystérieuse…
Il serait dommage de percevoir la Semaine Sainte comme une succession linéaire d’évènements historiques, comme on pourrait lire dans n’importe quel journal de bord. La liturgie de la Semaine Sainte est plus subtile que cela, car à travers chaque évocation des jours saints, ce n’est pas un fragment du mystère pascal qui nous est donné, comme un puzzle à recomposer ; mais c’est à chaque fois l’intégralité du mystère, vue sous un angle particulier.
Ainsi le dimanche des Rameaux n’est pas uniquement la mémoire de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, mais il est déjà un condensé de toute la Semaine Sainte, qui nous fait vivre le mystère pascal. Cela est net, lorsqu’avant de bénir les rameaux, le prêtre dit : « Mettons toute notre foi à rappeler maintenant le souvenir de cette entrée triomphale de notre Sauveur ; suivons le dans sa Passion jusqu’à la Croix pour avoir part à sa Résurrection et à sa vie ».
La liturgie mettra cela en oeuvre pour faire l’expérience de cet « abaissement » et de ce « relèvement ».
Expérience de l’abaissement lorsqu’après la bénédiction des rameaux et la proclamation solennel de l’entrée de Jésus à Jérusalem selon saint Matthieu, on franchit la porte en avançant avec joie et allégresse dans l’église. Mais une joie chantante qui s’obscurcit vite par la prophétie d’Isaïe et la lecture de la Passion, conduisant au silence au moment de la mort de Jésus. De l’église qui marche à la suite de son Seigneur, en chantant dans la joie et l’allégresse ; on passe à l’église qui se met à genoux devant lui, et qui en silence se souvient de celui qui pour elle, a remis son Esprit entre les mains de son Père. La mise en œuvre liturgique, rend visible et audible tout ce que saint Paul exprime dans sa lettre aux Philippiens, proposée en deuxième lecture.
Expérience du relèvement par la liturgie de l’eucharistie et la communion au Pain de Vie, qui sont déjà le mémorial de la Résurrection du Seigneur.
Mais le dimanche des Rameaux et de la Passion n’est pas là uniquement pour nous faire entrer dans la Semaine Sainte et dans l’ensemble du mystère pascal. Il est là pour nous faire vivre un pèlerinage intérieur. Si le psaume 23 résume très bien le sens de la fête lorsqu’il dit : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous portes éternelles : qu’il entre le roi de Gloire » ; on peut considérer qu’il s’agit également des portes de notre cœur. Vivre le dimanche des Rameaux et de la Passion, s’est laissé le Seigneur Jésus « entrer en nous »! Chacune de nos vies deviennent ce « lieu » où va s’accomplir le mystère pascal.
Comment faire pour laisser le Seigneur « entrer en nous » ? La prophétie d’Isaïe est subtilement choisie, lorsqu’il est dit dès les premiers versets : « La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire. ». La Semaine Sainte est ce moment inespéré pour que les croyants se laissent plus que jamais instruire par l’Ecriture Sainte, à travers la liturgie. Le moment inespéré de savourer, au lieu de se plaindre, tous les longs textes qui seront proposés ! Isaïe est formel : « …Dieu mon seigneur m’a donné le langage des hommes qui se laisse instruire pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus ». Avoir un cœur qui écoute et qui se laisse instruire par l’Ecriture Sainte durant cette admirable semaine, n’a pour d’autre but que nous apprendre à aimer, en particulier ceux qui peinent sous le poids de l’existence. On ne peut devenir témoin de l’amour du Seigneur, sans se laisse façonner par l’Ecriture, partagée en communauté.
Si Jésus-Christ « entre en nous » pour y accomplir son mystère pascal, alors le fruit de ce pèlerinage intérieur sera cette « Pâque du cœur » !
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