top of page

Vous entrez ou vous sortez?


Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 9 mai 2014. Libre commentaire d’Evangile pour le 4ème Dimanche de Pâques (A): 11 mai 2014 (Jn 10, 1-10).




Comme le prophète Ezéchiel (Ez 34, 1-16), Jésus expose sa vision de la vie pastorale en dénonçant subtilement les travers de l’exercice de la charge. Mais… « Jésus employa ces images en s’adressant aux pharisiens mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire… ». Alors, reprenons les images et cherchons à mieux comprendre…


Il y a un troupeau placé dans une bergerie. Jésus semble se concentrer sur la porte de cette bergerie, où il y a même un portier. Il opère une distinction entre celui qui « franchit la porte » pour y entrer comme étant celui qui est digne d’être le pasteur, et les voleurs qui escaladent les murs. Une fois entré par la porte, son premier rôle sera de « nommer » les brebis et de les faire « sortir » de la bergerie. Son second rôle sera de « marcher » devant elles, et de les « guider » par le son de sa voix. Mais que peut bien représenter cette bergerie ? Cette porte ? Et puis où est la destination de cette transhumance ?


En poursuivant le récit, Jésus donne les clefs… D’une part parce que la porte c’est lui-même, mais une porte par laquelle nous entendons la voix de Dieu… Peut-être sans le voir… D’autre part la transhumance va conduire à un « pâturage » au sein duquel le troupeau est invité à entrer. Il y a deux franchissements dans ce récit: la porte de la bergerie et la porte de ce pâturage. C’est par lui, avec lui et en lui que nous les franchissons. Ainsi Jésus ouvre la porte de la bergerie, et nous appelant par notre nom, nous invite à la quitter pour avancer, presque les yeux fermés, uniquement au son de sa voix, vers ce fameux pâturage. Quelle confiance ! Jésus est celui par qui on peut vraiment entrer et sortir.

Il révolutionne le psaume 48, qui en ses versets 14 et 15 dit : « …Tel est le destin des insensés et l’avenir de qui aime les entendre : troupeau parqué pour les enfers et que la mort mène paître. A l’aurore, ils feront place au juste ; dans la mort, s’effaceront leurs visages : pour eux, plus de palais ». Au contraire que de bonnes nouvelles car toutes les anciennes malédictions sont renversées une à une. Heureusement les insensés n’écoutent plus la voix des voleurs et des bandits, mais uniquement la voix de son Seigneur. Le troupeau n’est plus parqué dans une bergerie qui ressemble à un tombeau et conduisant à la mort et à l’oubli. Il est libéré. Jésus ouvre la porte et nous réveille, nous appelle chacun par notre nom : c’est l’image de notre propre résurrection du séjour des morts. Dans cet Evangile, il y aura un palais pour les brebis : celui de ce pâturage, qui comme le chante le psaume 22, est ce lieu au ciel où Dieu lui-même se fera nourriture.


N’est-ce pas un résumé du mystère pascal conduisant de Pâques à l’Ascension? Alors petit troupeau ait confiance, voilà ta vocation pastorale ! Car depuis Pâques te voilà appelé, te voilà libéré de la mort et du péché. Alors ne te renferme pas et ne te replie pas dans ta bergerie ! Mais à la voix de ton Seigneur qui te guide et te précède, avance en transhumance ! Fais de ta vie un pèlerinage vers le pâturage où le Seigneur t’attend.


Souviens-toi petit troupeau, que la liturgie t’a initié par ce passage biblique lors de la vigile pascale. Ne t’es-tu pas, pauvre petit troupeau en manque de chaleur humaine, rassemblé à l’extérieur comme dans un enclos, dans la nuit autour d’un feu … Et dans le silence tu n’entendais qu’une voix, celle de la lumière du Christ… Puis en silence, tu t’es mis en route en confiance derrière cette voix lumineuse, cette colonne de cire et de feu, qui te conduisant à la porte d’une église, t’a déjà fait passé de la mort à la vie. En entrant dans l’église tu n’es pas retourné dans la bergerie, mais tu es déjà entré dans le pâturage où le Seigneur t’a fait coulé le miel de sa Parole, et le lait de ses consolations par la mémoire des sacrements de l’initiation. Comme le chante Patrice DE LA TOUR DU PIN : « ne te repli pas sur toi-même, comme si Dieu faisait ainsi… »


Alors écoute et avance.

Comments


  • Facebook
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube

© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

bottom of page