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Pourquoi refermer étroitement lorsque l'on a ouvert largement ?

Dernière mise à jour : 21 août 2022

Commentaire d’évangile pour le 21ème dimanche du Temps Ordinaire (Lc 13, 22-30 ; année liturgique C), célébré le dimanche 21 août 2022.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 19 août 2022.





Tel est le paradoxe de cet évangile, alors que Jésus ouvrait tant de promesses et d’avenir, le voilà devenu restrictif ! Cherchons à comprendre.


Il y a quatre semaines (le 24 juillet 2022), Jésus, après avoir enseigné le Notre Père à ses disciples en quête de mots pour s’adresser à Dieu (Lc 11,2-4), exhorta à demander, à chercher, à frapper afin que l’on puisse nous donner, trouver, nous ouvrir (Lc 11,5-13). Crescendo de verbes, cette ascension mettait en lumière un don nouveau, si grand, véritable pain de feu qu’est l’Esprit Saint consolateur : Buisson ardent de l’Amour divin, baume de Miséricorde, onction de Charité.

Et pourtant, avec l’évangile de ce dimanche le ton a bien changé et l’attitude de Jésus ressemble à ce verset : « il jette à poignets des glaçons, devant ce froid qui pourrait tenir ? » (Ps 147,17). Les disciples demandent mais n’obtiennent rien, ils cherchent à comprendre mais ne trouvent pas, ils frappent mais la porte est belle et bien fermée ! Après le pain de feu, c’est maintenant la douche froide !


Pourquoi la porte est-elle devenue étroite ? Est-ce un caprice de Dieu ou bien une responsabilité de l’Homme ?

D’une part Jésus nous exhorte à passer par la porte étroite (Lc 13,24). Cet évangile nous place au cœur de la tragédie que Marcel Pagnol sut admirablement traduire à travers l’histoire de Manon des sources. Par le péché, la convoitise et le silence coupable, une famille, pour spolier un bien, alla jusqu’à boucher la source d’une terre cultivable qui devint si aride, entrainant par injustice la mort d’un père et la précarité de toute sa famille devenue forçat de l’eau. Il en est de même pour l’évangile : Dieu fait jaillir la source de la Grâce et c’est à nous qu’il appartient de la canaliser pour irriguer nos terres arides ou de la boucher. Si l’eau permet l’éclosion de la vie, il faut un nuage de pluie ou bien la main de l’homme pour qu’elle vienne féconder la terre ! « Passer par la porte étroite » semble être ce travail qui nous revient pour rendre fructueux en notre vie l’eau de la Grâce.

D’autre part Jésus nous exhorte à la pratique de la Justice en affirmant par antithèse : « Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice » (Lc 13,27). Jésus constate cette tragédie, car bien que la source de la Grâce coule auprès d’eux, que le pain de feu leur est donné en nourriture, ils préfèrent s’en détourner et commettre l’injustice, devenant une terre aride, altérée, sans eau (Ps 62,2). Au contraire, pour que l’eau de la Grâce féconde la terre et fasse germer la vie divine, elle s’accompagne d’un travail : la pratique de la justice ! Demander quotidiennement le pain de feu comme nourriture, c’est prendre des forces et être embrasé pour faire le bien.


Finalement cette tragédie évangélique se résume par ce verset du Prologue : « Jésus est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1,11). Si le peuple élu s’est détourné la Grâce, elle sera offerte à tous les peuples (Lc 13,29-30) pour féconder le monde entier.

Alors n’oublions pas l’eau de la Grâce et préservons-là ! C’est elle seule qui nous conduira sur le chemin du bon droit et de la justice (Ps 36,5-6).

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