Christ nous rassemble
- bohleremmanuel
- 15 mai 2023
- 3 min de lecture
Commentaire du cantique "Christ nous rassemble"
Cote : A 456 – USC456 Texte : Commission Francophone Cistercienne (CFC) Musique : Joseph ROUCAIROL (1918-1992)
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°02, édition de mai 2023.

« L’agneau mystique » (1432), de Hubert (1366-1426) et Jan (1395-1441) Van Eyck
Commenter ce chant édité en 1982 par l’Union Sainte Cécile, c’est avant tout raviver la mémoire[1] de son compositeur : Monseigneur Joseph Roucairol (1918-1992). Tour à tour : organiste titulaire de la cathédrale de Montpellier pendant 40 ans avant d’en devenir l’archiprêtre, membre de l’Académie des Sciences et Lettres de la même ville dès 1956, professeur d’orgue au Conservatoire et Fondateur de la chorale Urbain V, Président national et international des Pueri Cantores pendant 12 ans, Joseph Roucairol incarne cette figure de prêtre (ou chanoine)-musicien dont la France, au cours du XXème siècle, en avait d’extraordinaires exemples comme Henri Doyen (1902-1988), Henri Carol (1910-1984), Gaston Roussel (1910-1985), Louis Aubeux (1917-1999) ou Jehan Revert (1920-2015).
La double compétence liturgique et musicologique de ces prêtres-musiciens, s’exprimant à travers le témoignage de leur composition, a de quoi nourrir notre réflexion et notre action au service de la musique liturgique pour aujourd’hui.
Ce chant s’inscrit parfaitement dans le genre choral, mêlant solennité et gravité. Le conducteur USC456b[2] propose une mise en œuvre synthétisant le savoir-faire de cette génération, avec une polyphonie à 4 voix, un accompagnement d’orgue, un contre-chant instrumental à 3 voix pour un ensemble de 8 instruments dont des cuivres (typique des liturgies cathédrales).
Le refrain est constitué de deux vers d’inégale mesure où le premier est un alexandrin et le second un décasyllabe. La césure étant placée après la 5ème syllabe correspondant à « Christ nous rassemble » répété, nous avons cette métrique irrégulière : 5-7 et 5-5. Cette dernière va être renforcée par un rythme alternant irrégulièrement des longues (L) et des brèves (b). Pour le premier vers nous avons : L-b-b-b-b / b-b-b-b’b-b-L-L, pour le second vers nous avons : L-b-b-b-b / L-L-b-b-L. Ces irrégularités de rythme vont mettre en lumière : Christ, vivre, son corps.
Métrique et rythme nous font entrer en liturgie puisque l’on met en évidence le Christ qui nous rassemble, qui va nous donner la vie. Par contre on souligne l’importance du corps du Christ comme lieu d’unité dans sa double dimension : le « corps réel » à travers le sacrement mais aussi le « corps mystique » qu’est l’Eglise. Pour renforcer cette unité en train de se constituer, peut-être est-ce pour cela que le compositeur a prévu de chanter le refrain à l’unisson.
Pour alterner avec l’unisson du refrain, les quatre couplets sont proposés en polyphonie, pouvant être chanté par un chœur. D’un point de vue textuel, ils proposent une synthèse progressive anticipant la prière eucharistique :
N°1 : Evocation de la fraction du pain, associant la dimension fraternelle avec la dimension sacrificielle en lien avec l’agneau pascal.
N°02 : Evocation du vin, en lien avec le côté transpercé de Jésus-Christ sur la Croix comme source des sacrements, en particulier les sacrements de Pâques donnés durant la nuit pascale.
N°03 : Evocation de l’épiclèse sur l’Eglise qui a lieu après la consécration du pain et du vin. Elle rappelle que l’Eglise s’offre et est transformée par ce même mystère.
N°04 : Evocation du chant nouveau qui jaillit du peuple libéré après le passage de la Mer Rouge et des hymnes de louanges des Actes des Apôtres. Il y a surtout la dimension théologique du chant en liturgie, en particulier pendant la messe : participer au mystère du sacrifice[3] de Jésus-Christ à son Père dont la plus belle expression en est la prière eucharistique. Par la compréhension de l’Amen, le chant se fait sacrifice de louange[4], offrande pascale : il jaillit chaque dimanche de cette Pâque hebdomadaire.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------- [1] Eloge de Monseigneur Joseph Roucairol par Monseigneur Jean Bernard, in : Bulletin de l’Académie des Sciences et Lettres, Montpellier, Tome 25, 1994, p.387-400 [2] Disponible sur : https://www.liturgie-catholique.alsace/files/File/Christ_nous_rassemble-Conducteur(1).pdf [3] Terme biblique développé dans la Lettre aux Hébreux (He 7, 1-28). [4] Terme biblique définit dans la Lettre aux Hébreux (He 13,15)
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