Alléluia Nantais
- bohleremmanuel
- 23 janv. 2024
- 3 min de lecture
Commentaire du cantique "Alléluia Nantais"
Cote : I 22-78
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°01, édition de janvier 2024.
Le titre de ce cantique pascal résume à lui seul son histoire : « Nantais » parce que le texte, comme la musique, proviennent de deux prêtres du diocèse de Nantes.
Le père Henri BABONEAU (1930-2020) composa le texte. Quant au Père Pascal DANIEL (1938), il n’est autre que le frère du compositeur Etienne DANIEL avec qui il composa par exemple la célèbre « Messe du partage ».
Ce cantique que l’on pourrait aisément prendre pour un processionnal d’entrée est très efficace pour fédérer le chant d’une assemblée, et comme le demande la Présentation Générale du Missel Romain, de donner le ton et le sens du mystère que l’on va célébrer.
Très efficace car les couplets sont brefs : à peine composés de deux périodes en décasyllabe. Le refrain n’est constitué que d’un seul mot « alléluia », le mot pascal par excellence. Composé de trois périodes où la mélodie, presque intuitive, est facilement mémorisable, ce refrain nous permet de chanter cinq fois alléluia (2-2-1). Ce chant permet de nombreuses alternances entre différents solistes et l’assemblée. Musicalement, la mélodie permet facilement d’y insérer des variations.
Ce cantique permet de fédérer rapidement l’assemblée par cet enchainement de brefs couplets avec 5 alléluias qui confère à l’ensemble une dynamique quasi litanique, propre à celle que l’on peut retrouver pour le rite d’aspersion comme "J’ai vu l’eau vive" par exemple. Si durant le carême la litanie pénitentielle a toute sa place, si le chant de l’assemblée se fait « cri » pour supplier la Miséricorde de Dieu, comme l’hymne litanique Christ, le Fils du Père[1] (GY50) ; alors durant le temps pascal, avec la litanie alléluiatique, le chant se fait aussi « cri » mais de jubilation pour la libération accordée ! Il y a un passage, une Pâque entre la supplication et la jubilation !
Rien que par le premier couplet, ce chant pascal donne le ton et le sens du mystère célébré.
Déjà par l’appel « chrétiens chantons » rendu célèbre par le cantique « Chrétiens chantons le Dieu vainqueur » (I36). Cet appel est non seulement décisif mais constitutif du temps pascal. Il correspond à l’appel biblique du « chant nouveau pour le Seigneur » (Ps 13,6 ; Ps 149,1).
Ce chant nouveau n’est autre que celui du peuple qui, de nuit a traversé la Mer Rouge et qui au matin, après cette dernière eut engloutie Pharaon et son Armée, chanta un cantique d’action de grâce (Ez 14,19 – 15,8).
Le chant nouveau est le chant des sauvés, de ceux qui ont été libérés, de ceux qui sont passés de la mort à la vie. L’appel « chrétiens chantons » nous replonge au cœur de la veillée pascale où le jaillissement nouveau de l’alléluia conduit à l’Evangile de la résurrection et son actualisation par la liturgie baptismale.
D’ailleurs le premier couplet fait mémoire de la Pâque du Christ, de son passage de la mort à la vie, cœur de la fête de Pâques mais aussi de la Pâque hebdomadaire qu’est le dimanche et qui rythme toute l’année liturgique.
Enfin, il est à noter que la plupart des couplets proposent une synthèse biblique de l’enseignement de saint Paul lorsque ce dernier développe le lien connexe entre le passage de la mort à la vie de Jésus-Christ et la Grâce du baptême. Ce chant permet indirectement d’approfondir le sens du mystère pascal ainsi célébré.
En voici le détail :
Couplet 1 : Col 1,18
Couplet 2 : Ap 1,18
Couplet 3 : Ac 1,11
Couplet 4 : Rm 6,3
Couplet 5 : 1 Co 15, 1-24
Couplet 6 : Ph 3,20
Couplet 7 : Rm 6,4-23
Couplet 8 : Jn 20, 19-23
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[1] E.BOHLER, Commentaire du cantique Christ, le Fils du Père (GY50), In CAECILIA 04-2023
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