Christ, le Fils du Père
- bohleremmanuel
- 16 oct. 2023
- 3 min de lecture
Commentaire du cantique "Christ, le Fils du Père"
Cote : GY50 Texte : Bernard GEOFFROY ( ) Musique : Tradition provençale/ Joseph GELINEAU (1920-2008)
Article publié par l’Union Sainte Cécile, dans la revue CAECILIA du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle, de musique et d’art sacré de l’archidiocèse de Strasbourg.
N°04, édition d'octobre 2023.

Par ses qualités littéraires et hymnographique[1], l’ambitieux projet des trois recueils « Gloire au Seigneur[2] » (1946,1952,1960), coordonné par le jésuite et Maître de chœur Bernard GEOFFROY, joua un rôle décisif pour le renouveau du chant liturgique français.
Paradoxalement cette litanie pénitentielle de carême, par sa synthèse biblique et sa construction littéraire, semble s’inspirer et déployer la souche originelle de l’hymne Gloire à Dieu que l’on omet pendant ce temps liturgique. Par elle, on redonne sens à cette hymne qui jaillira à nouveau pendant la veillée pascale.
Historiquement[3], le texte actuel de l’hymne Gloire à Dieu porte le vestige d’une antique prière christologique en grec du IIème siècle provenant de l’Eglise d’Orient et que l’on chantait aux laudes. Introduite dans la liturgie papale pour la Nativité au II-IVème siècle, on y adapta[4] le texte christologique pour une faire une doxologie au Père. Elle évoluera ensuite lors de traduction en latin. La souche christologique litanique originelle se reconnait par l’utilisation du pronom personnel « Toi » assurant une fonction répétitive d’accentuation et de désinence.
Chaque pronom personnel mettra en lumière une invocation christologique que l’on peut résumer ainsi :
Il est celui qui enlève le péché du monde, qui reçoit nos prières, qui est assis à la Droite du Père.
Il est Saint, Seigneur, le Très-Haut.
Or, si cette antique litanie christologique du Gloire à Dieu présente un visage de Jésus aux accents à la fois Rédempteur et Miséricordieux, le texte du cantique-litanie de Bernard GEOFFROY va bibliquement déployer ces mêmes caractéristiques. La structure fait que chaque verset commence par le pronom personnel « Toi ». Puis l’ensemble des 13 invocations propose un parcours mettant en lumière un visage de Jésus Miséricordieux, où l’on peut contempler les riches harmoniques de l’œuvre du Salut qu’il est venu accomplir.
Jésus est venu parmi nous pour chercher les pécheurs : sens de son incarnation.
1) Lc 19,12. Il est venu sauver ceux qui sont perdus
2) Ps 21,25. Il écoute les malheureux
3) Mc 2, 13-17. Il mange avec les pécheurs
4) Lc 15, 1-7. Il cherche la brebis perdue
Jésus est celui qui nous guéris des péchés : il accomplit des œuvres de Miséricorde.
5) Lc 15, 11-32. Il attend le retour du fils prodigue
6) Mc 4, 35-41 ; Mt 8,23-27 ; Lc 8,22-25. Jésus apaise la mer et les démons
7) Lc 7,36-50. Marie-Madeleine est la pècheresse pardonnée.
8) Lc 23,32-43. Le bon larron entre au Paradis.
Jésus est la source du Salut : il nous fait participer à son mystère pascal.
9) Jn 11,1-44. La résurrection de Lazare.
10) 1 Cor 15,54-55. La mort est engloutie dans la mort de Jésus sur la Croix (croix glorieuse)
11) Jn 21,15-19. La Miséricorde consacre Pierre dans sa mission de Pasteur.
12) 1 P 2,24. Il porte nos péchés sur le bois de la Croix
13) Evocation de la légende de Véronique
Quant au refrain litanique, pour accentuer le visage Miséricordieux de Jésus-Christ, il déploie celui inséré dans l’hymne Gloire à Dieu ; à savoir « prends pitié de nous ». Bernard GEOFFROY compile un extrait verset du Psaume 24 (« Vois ma misère et ma peine, enlève tous mes péchés ») avec une adaptation d’un refrain litanique du Gloire à Dieu.
On peut mettre en œuvre cette litanie par des jeux d’alternance entre solistes/chœur et l’assemblée, entre unisson et polyphonie.
Ainsi en invoquant l’œuvre de Miséricorde de Jésus-Christ, cette litanie nous rappelle que le mystère de la Miséricorde de Dieu est bien au cœur de l’action de grâce et de la louange de l’Eglise.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------- [1] Martine Bercot et Catherine Mayaux, Poésie et liturgie, XIX et XXème siècle, Bern, Peter Lang, 2006, p.191. [2] Ibid. p.170. [3] Michel Steinmetz, Le Gloire à Dieu, in : Caecila 05-2005. [4] Cf. Complément numérique présentant un essai de synthèse sur l’évolution textuelle du Gloire à Dieu, depuis son inspiration psalmique jusqu’à sa forme actuelle.
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