Jubilemus et exultemus !

Commentaire d’évangile pour le dimanche de Pâques  (Jn 20, 1-9) ; année liturgique B), célébré le dimanche 31 mars 2024.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 28 mars 2024.

« La résurrection » Retable d’Issenheim (1512-1516), Matthias GRÜNEWALD (1475/1480-1528) 

Aux jeunes rassemblées aux JMJ de Cologne en 2005, le pape Benoît XVI emprunta l’image de la fission nucléaire pour parler de l’Eucharistie. Au cœur du réacteur de la vie chrétienne a lieu une explosion de vie dont la narration scinde en plusieurs récits vivifiants l’évènement fondateur ! Retour sur une pédagogie biblique des fêtes pascales.

La fission nucléaire est ainsi définie : un neutron percute un atome lourd provoquant une scission en plusieurs atomes plus petits avec libération de neutrons et d’une énergie très importante. Déployons cette image pour comprendre le déploiement liturgique de cette fête de Pâques qui dure huit jours !

Au sein de ce réacteur nucléaire que constitue cette sublime semaine de Pâques, tout commence lors de la Mère de toutes les veillées comme l’appelait saint Augustin : la vigile pascale.

Après un lucernaire sobre et dépouillé, au cœur de la nuit de la nuit un cri se fait entendre « Exultons de joie » ! Le chant de l’Exultet, comparable à un neutron, va provoquer cette fission nucléaire de l’évènement fondateur : véritable appel à la libération de l’énergie joyeuse de la résurrection, le message de la Bonne Nouvelle du Salut qu’est l’Evangile « Christ est vraiment ressuscité » et dont la scission donnera lieu à l’ensemble des récits de la résurrection selon les quatre évangiles ! La réforme liturgique de l’octave pascale nous permet d’en entendre une lecture semi-continue.

Ainsi sur trois années, durant cette vigile pascale, nous entendons le récit du matin du Pâques avec les femmes se rendant au tombeau selon les évangiles synoptiques (Mt 28,1-10 ou Mc 16,1-7 comme cette année, ou Lc 24,1-12).

Le Jour de Pâques, suivant l’heure il y a des récits différents.

Au matin de Pâques nous entendons systématiquement selon Jean le récit de l’annonce de Marie-Madeleine aux disciples pour se rendre au tombeau vide (Jn 20,1-9).

Quant au soir de Pâques, nous pouvons entendre systématiquement le récit des pèlerins d’Emmaüs (Lc 24,13-35).

Pour la semaine pascale : c’est l’annonce des femmes aux disciples (Mt 28,8-15), l’apparition du Ressuscité à Marie-Madeleine après la visite des disciples au tombeau (Jn 20,11-18), les pèlerins d’Emmaüs (Lc 24,13-35), l’annonce des pèlerins d’Emmaüs aux disciples (Lc 24,35-48), l’apparition de Ressuscité au bord du lac de Tibériade (Jn 21,1-14), enfin l’annonce de Marie-Madeleine aux disciples (Mc 16,9-15)

Pour couronner cette fête pascale de huit jours, le 2ème Dimanche de Pâques nous permet d’entendre selon Jean le récit de l’apparition du Ressuscité au soir de Pâques puis l’apparition à Thomas huit jour plus tard (Jn 20,19-31), constituant une continuité logique avec l’évangile du Jour de Pâques au matin.

Bref huit jours pour plonger en profondeur dans l’Evangile, grâce à la diversité des récits des évangiles ! Si la Semaine Sainte est d’une intensité mémorielle si poignante, la Semaine Pascale est véritablement une explosion, un surgissement !

Alors ne perdons pas une miette tombée de la Table de la parole durant cette semaine pascale ! Que ces écrits évangéliques ainsi partagée devienne Parole de vie, source jaillissante en Vie éternelle (Jn 4,5-42) !

Comme un atome, soyons touchés par la puissance de cette Parole : qu’elle nous transforme !