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Sic transit gloria mundi!


Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 29 août 2014. Libre commentaire pour le 22ème Dimanche du Temps ordinaire (A): 31 août 2014 (Mt 16, 21-27).




Pourrait-on rétorquer au vaniteux saint Pierre, qui se faisant une fausse idée de la gloire, devra se convertir pour marcher à la suite de Jésus.

Cette scène, sans doute très connue, n’en demeure pas moins énigmatique pour deux aspects.


D’une part, le parallélisme entre la réprimande que Jésus fait à Pierre, et ce qu’il annonce à ses disciples sur le chemin du salut ! En effet, Jésus demande à Pierre qu’il surnomme Satan, de « passer derrière lui ». On pourrait prendre cela comme une violente punition, surtout lorsque Jésus ajoute qu’il est un obstacle sur sa route. Pourtant cela n’empêchera pas Jésus de dire aux autres disciples qu’il convient de « marcher derrière lui » pour obtenir le salut qui se manifestera dans le scandale de la Croix. Dans l’un et l’autre cas, c’est à la suite du Christ prenant la posture du bon berger, que les choses se passent.


D’autre part, la différence entre l’impératif que Jésus donne à Pierre : « passe derrière-moi » ; et la possibilité qu’il laisse aux autres : « si quelqu’un veut marcher derrière moi… ». Cette divergence de traitement ne vient pas d’un favoritisme, mais réside dans le fait que pour l’instant, seul Pierre a répondu à la question : « pour vous qui suis-je ? ». Pierre a confessé sa foi au Messie, le fils du Dieu vivant, et c’est elle qu’il le place à la suite de Jésus, vers le Golgotha. La confession de foi nous place derrière Jésus, et prendra un sens véritable devant le mystère de la Croix. Si en regardant Jésus de Nazareth, Pierre a déjà reconnu le Fils du Dieu vivant : c’est face au crucifié que la divinité de Jésus se manifestera en pleine lumière. Les disciples verront un crucifié mort sur la Croix, mais après la Résurrection, ils verront un vivant qui en portera toujours les marques ! On peut alors comprendre la réaction outrée de Pierre et de beaucoup par la suite, que saint Paul relatera au cours de la prédication des apôtres: « … Scandale pour les juifs, folie pour les païens… ».


Ce mélange entre parallélisme et différence permet de mieux saisir les conséquences de la vocation de Pierre. Ce dernier a été choisi par Jésus qui lui a révélé le mystère de sa vocation : chez Matthieu, on passe du prénom « Simon, fils de Yonas » au prénom « Pierre ». La personne de Pierre est résolument à part dans le collège des douze, mais Jésus seul bâtie l’Eglise. Pierre a fait une mauvaise expérience de cette élection, car son effronterie et son excès de zèle vis-à-vis du Seigneur, semble manifester qu’il avait conscience d’être une « pierre » choisie, mais qu’en plus il se prend pour le bâtisseur. Sa conception du Messie est en phase avec celle de son temps, et l’image que l’on s’en était formée : un Messie puissant et politique. Par son admonestation, Jésus le remet à sa juste place, c’est-à-dire derrière lui : prémices d’un salut qu’il obtiendra malgré son indignité, d’une infinie miséricorde qu’il recevra malgré son infidélité… Jésus commence à remettre en question l’image du Messie que l’on s’était forgée : prémices de bien des controverses avec les scribes et les pharisiens jusqu’à la Passion. Mais c’est dans son abnégation et son anéantissement que Jésus se révèlera comme Messie, qui seul peut nous sauver !


Face à l’orgueil et à la vanité, face aux prétentions et aux abus de pouvoir, le mystère de la Croix demeure la source unique de tout désarmement!

C’est elle, qui nous permettra de faire fuir les « Méphistophélès » qui tentent par tous les subterfuges, de nous faire vendre nos âmes aux puantes convoitises les plus alléchantes.

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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