Faites comme je dis, mais surtout comme je fais!
- bohleremmanuel
- 23 nov. 2020
- 3 min de lecture
Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 26 septembre 2014. Libre commentaire pour le 26ème Dimanche du Temps ordinaire (A): 28 septembre 2014 (Mt 21, 28-32).

« Triomphe de la Justice« , Jean-Baptiste JOUVENET (1644-1717)
Ce petite péricope est tout simplement déroutante lorsqu’on prend le temps de s’y arrêter. Il s’y dégage un appel radical à la conversion, ainsi qu’une exigence évangélique qui n’a rien à voir avec un laxisme latent ou un laisser-aller général.
Appel à la conversion au sein de la première partie avec l’exemple des deux fils. Celui qui fait la volonté de son père, est celui dont le texte souligne son repentir. On ne sait si le repentir est intérieur ou extérieur, mais la conséquence est l’action. L’autre fils pourrait faire office de parfait menteur, peut-être même de mythomane, avec sa parole sans conséquence.
Selon le livre d’Isaïe, la vigne n’est autre que la Maison d’Israël ; alors si le père est Dieu lui-même, la première partie de ce texte est un appel pour être envoyer en mission. Mais ici, la mission est précédée par un consentement, conduisant au repentir : on ne devient pas missionnaire sur recommandation, mais dans l’élan d’une conversion! C’est en se repentant que le premier fils a pu aller travailler à la vigne. C’est en se convertissant que l’on devient petit à petit un authentique missionnaire, fidèle à la volonté de notre Père des cieux.
Mais nous pourrions nous demander quel est l’objet de la conversion et du repentir. Il peut y avoir deux réponses:
D’une part, à travers l’exemple de Jésus lui-même. En tant que Fils de Dieu, Il nous laisse cet exemple d’obéissance vis-à-vis de son Père dont il n’a cherché qu’à accomplir sa volonté. Pourtant, au moment crucial à Gethsémani, n’a-t-il pas demandé à ce que le calice s’éloigne de lui ? A ce moment ultime, Jésus consent à renoncer à sa volonté propre pour n’accomplir que celle de son Père. Voilà le cœur de la conversion : être capable de vivre ce renoncement radical, être capable de se repentir de vouloir faire passer ses petits intérêts avec ceux du Seigneur. Idéal presque inaudible dans notre société d’individualisme généralisée où la raison d’état s’efface devant nos petits caprices égoïstes et devient aussi fine que du papier à cigarette.
D’autre part, c’est la deuxième partie de l’évangile qui nous donne également la portée de cette conversion, et de ce que nous avons à accomplir. Toute cette deuxième partie est concentrée autour de la figure de Jean-Baptiste qui vit selon la justice. Vivre selon la justice devient ici la première action de sa mission. C’est parce qu’ils l’ont vu vivre selon la justice, que les prostituées et les publicains ont pu se convertir à son appel. La conversion présuppose un témoignage de vie authentique. Or nous avons ici comme une trilogie finement sculptée et délicate: témoignage de vie-prédication-acte de foi. La progression est subtile : c’est parce qu’il vit déjà en conscience et de manière intégrale selon la Loi du Seigneur, que Jean-Baptiste prêche et que l’on peut croire en ses mots. Or cette trilogie finement sculptée se retrouve inversée dans la liturgie de l’ordination diaconale (que ce soit en vue du sacerdoce, ou bien permanent) au moment de la remise de l’évangéliaire. On demande à ceux qui vont annoncer de « croire » en l’Ecriture proclamée, « d’enseigner » par la prédication ce qui a été cru, et de « vivre » ce qui a été enseigné.
Ainsi, pour être fidèle à son travail dans la vigne du Seigneur, l’Eglise sera-t-elle prêtre à vivre cela ? C’est au prix de son intégrité à vivre selon la justice, que l’Eglise par sa parole et par ses gestes, engendra de nouveaux enfants dans la foi.
Comments