Mais qu’allons-nous devenir à la fin?
- bohleremmanuel
- 23 nov. 2020
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Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 21 novembre 2014. Libre commentaire pour le Dimanche du Christ-Roi (A): 23 novembre 2014 (Mt 25, 31-46).

"Christ-Roi" de John CONSTABLE (1776-1837)
Alors que le 11 décembre 1925, pour commémorer la fin de l’année sainte et la clôture du jubilé du XVIème centenaire du Concile de Nicée-Constantinople (325), le pape Pie XI décida d’instituer la fête du Christ-Roi, en souvenir de ce Concile qui réaffirma la souveraineté et la royauté du Christ, ainsi que l’unité de sa nature humaine et divine.
Ce prestigieux Concile légua à l’Eglise son « Credo », qu’elle mettra petit à petit sur ses lèvres.
C’est le troisième Concile de Tolède en 589 qui demanda à ce qu’il soit proclamé par l’assemblée pour raviver sa foi et se préparer à communier. L’Espagne, puis Charlemagne propageront cette pratique, qui ne sera vraiment généralisée dans la liturgie romaine qu’en 1014, avec une place très stable depuis (après l’Homélie ou le prône).
La fête du Christ-Roi n’a certes pas été instituée pour se glorifier du prestige d’un concile passé, mais pour actualiser toutes les contingences concrètes de notre foi à Jésus-Christ, à la fois vrai Dieu et vrai homme. Cette initiative de Pie XI se poursuivra jusqu’en 1931 où il célébrera le jubilé du XVème centenaire du Concile d’Ephèse, qui réaffirma les positions du Concile de Nicée et qui déclara la Vierge Marie « Mère de Dieu ». Le 25 décembre 1931, Pie XI instituera une fête à cette occasion « la Maternité divine de Marie » placée au 11 octobre devenue, après le Concile Vatican II, la fête du 1er janvier « Marie, Mère de Dieu ».
Ces deux jubilés seront l’occasion pour Pie XI de méditer sur le Christ dans l’histoire. En 1925, l’institution de la fête du Christ-Roi est le moyen de lutter contre un laïcisme virulent, et mettre en garde contre les idéologies matérialistes et nationalistes, dont il craignait qu’elles engendreraient des conflits de haine et de violence. Il déplore que l’on veille faire disparaitre de la vie publique toutes expressions de foi, l’enfermant dans une sphère que l’on ne nommait pas encore sphère « privée ».
En 1931, il constate la remise en cause de la foi en l’Incarnation, craignant une forme de nouveau « nestorianisme », c’est-à-dire une division complète entre le Jésus de l’histoire et le Fils de Dieu ressuscité. Cette crainte de Pie XI était fondée sur la crise que traversait l’exégèse où l’on a été jusqu’à dire que les Evangiles ne présentent que le Christ de la Foi, et qu’en aucune manière on ne peut y trouver des éléments pour connaitre le Jésus de l’Histoire.
Or Pie XI invita avec force à ce que l’on approfondisse à la fois la foi en l’Incarnation, et la conversion contre toutes tentations de dominations sur les autres.
Si aujourd’hui, la fête du Christ-Roi n’a plus autant d’écho qu’à cette époque troublée, elle nous invite à contempler la figure du bon pasteur. Mais le bon pasteur est ici le Christ ressuscité selon la chair ! C’est Celui qui a pris chair de notre chair, mort et ressuscité au troisième jour, qui aujourd’hui nous conduit jusqu’à son Royaume. Royaume où nous serons jugés uniquement sur l’Amour et la charité en acte, comme le rappelle l’Evangile. La fête du Christ-Roi nous invite à entrevoir l’avenir du nos corps mortels. En effet, la conséquence de l’Incarnation de Jésus-Christ sera l’ascension de la dimension corporelle dans la vie divine et la vie selon l’esprit. L’avenir d’un chrétien n’est pas de se déshumaniser pour ne finir qu’une pauvre âme seule, mais c’est de croire que notre corps, appelé a Salut, appelé à être ressuscité dans la gloire, ira aussi auprès de Dieu.
Voilà cette foi qui nous poussera à nous engager pour encore plus d’humanité ! Si Dieu a choisi un corps pour se donner à tous, c’est pour nous encourager à tout faire pour le respecter, le préserver de toutes tentations destructrices, allant contre sa dignité.
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