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Que dire de l’Eucharistie? Arrêt sur image sur le Saint-Sacrement…


Commentaire de l'évangile du dimanche du Saint-Sacrement (Jn 6, 51-58). Publié dans le journal hebdomadaire d’Alsace et de Moselle « L’Ami Hebdo », en date du 08 juin 2012




Alors que beaucoup s’imaginent que pour faire comprendre que l’on est aimé il faut beaucoup de paroles…

Alors que l’on peut croire que les gestes répétés camouflent un amour qui s’éteint, ou peut-être déjà mort…

Voilà l’Eucharistie avec son silence et sa ritualité ! Humble morceau de pain, rompu après une simple parole !


Eucharistie ? Mystère de dépouillement !

Sous le Pain consacré, qui s’offre à notre regard, c’est tout l’amour d’un Dieu donné en partage. L’Amour de Dieu, qui à chaque jour de notre histoire, n’a trouvé d’autres signes, que le pain et le vin. Jésus-Christ, comme une anamnèse du mystère d’Alliance, l’a voulu ainsi…

Alors que l’amour humain se dit au coin de l’oreille, et se grave sur l’écorce d’un arbre. Malgré le temps et l’éphémère, on l’entend, on le voit. Il demeure dans un éternel présent.

Voilà que l’Amour divin n’a trouvé d’autre moyen pour se révéler que la fragilité d’une parole humaine et la fraction d’un pain consacré. Face à l’insignifiance du Verbe et de la Matière, qui donc sera assez attentif pour l’entendre ? Pour le voir ? Qui le remarquerait dans son présent?

Quels pauvres moyens face à la technologie et les inventions que l’homme met à notre disposition. Il y a bien de quoi ne jamais attirer les foules. Et l’on peut comprendre la déception de nos contemporains! Faire tant de chose pour cela… ?

Alors que les siècles passés, par palier à ce désintérêt, ont recouverts de chapes de plombs, dorées et argentées, ce qui par essence est nudité, fragilité. Ici ou là, la tentation est grande encore aujourd’hui…

Pourquoi recouvrir d’une curasse d’apparat ce Trésor, ce qui n’a d’autre vase que l’argile de nos mains pour le porter ? Alors que la ritualité eucharistique, critiquée pour sa répétition et dont certains détracteurs la considère que la berceuse endormante et perverse de la raison ; peut nous ouvrir au chant de l’intériorité.

Ritualité et intériorité peuvent faire bon ménage ! L’une nous pousse à comprendre le sens, et l’autre à pénétrer au cœur, à la profondeur des choses. La ritualité n’est pas l’apanage des perroquets et de persifleurs, qui ne font que redire ce qui n’est jamais entré en eux ! Au contraire, elle est plutôt comparable à la pluie, qui se répandant sur le roc, dans son va et vient, va finir par y creuser un sillon.

Telle est peut-être la carapace de notre humanité, dans toute sa dureté, qui un jour ou l’autre va finir par être percée. La ritualité eucharistique nous conduira alors au cœur de nous-même, et y fera un peu de place.

Une place pour y accueillir la Parole. Celle qui, comme la pluie, ne reviendra pas sans avoir féconder la terre. C’est Elle, qui en nous « se fera chair » pour nous donner Jésus…

Une place grandira petit à petit… Et la Présence même de Dieu nous visitera. L’homme prit ainsi dans ce chemin d’intériorité, deviendra « ostensoir » de cette Présence, humble et cachée…

Eucharistie ? Mystère d’Alliance…

Alors que l’homme est en quête de Dieu, oubliant parfois qu’Il a mis sur sa route tout ce qu’il faut pour le connaître et le rencontrer. Pénétrer non seulement dans le mystère de Dieu, mais en Dieu, telle est la Porte extraordinaire de l’Eucharistie ! Sous le Pain Partagé, c’est Dieu lui-même qui nous ouvre la Porte de sa Maison! Est-elle si étroite que cela ?

Elle est étroite dans la mesure, ou comme saint Augustin, nous cherchons Dieu à l’extérieur. L’Eucharistie nous conduit au cœur même de notre vie…

Eucharistie ? Mystère d’humanité…

Sous le Pain partagé, c’est l’humanité qui est révélée à sa juste grandeur.

Sous le Pain Partagé se cache aussi la profonde dignité humaine !

O Homme!

Si tu savais comme tu es aimé, toi qui ne participe qu’occasionnellement à l’Eucharistie. Si dans ton cœur tu savais et si tu croyais à quel point Dieu te manifeste aujourd’hui son Amour, à ce moment-là ! Comme ton cœur pourrait changer ! Comme la vie pourrait germer ! Comme le monde pourrait se transformer.

A l’Eucharistie, c’est dans la petitesse et la fragilité divine, que ta force et ta dignité d’enfant bien-aimé y sont révélées !…

Mais Dieu reste humble et discret jusqu’au bout, même lorsqu’Il te manifeste son Amour infini !…

Que l’inaudible bruit de la fraction du Pain…

Tel le murmure d’une brise légère…

T’ouvre alors les yeux…

Et que tu puisses alors…

Le reconnaître…

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