Mais que se passe-t-il en coulisse?
- bohleremmanuel
- 23 nov. 2020
- 3 min de lecture
Libre commentaire de l’Evangile du 01 dimanche de carême, 17 février 2013 (Lc 4, 1-13). Rédigé pour le journal hebdomadaire « L'Ami-Hebdo », pour l’édition du 15 février 2013.

Même en vacance de siège, le meilleur paratonnerre divin ne peut empêcher la foudre du diable de vouloir nous frapper.
Dans une institution religieuse, politique, associative et même familiale, lorsque le chef est sur le point de partir les instincts primaires de convoitise se réveillent, même chez les dévots et autres parangons de vertu. La première étape de ce carême 2013 semble nous inviter à discerner autrement ces instincts de convoitise que Michel AUDIARD singeaient en écrivant «Quand le lion est mort, les chacals se disputent l’empire. On ne peut pas leur en demander plus qu’aux fils de Charlemagne » dans le film «Les Tontons flingueurs ». Même Jésus, rempli de l’Esprit Saint et conduit par Lui au désert, n’échappe pas à ce questionnement! Même avec ce meilleur paratonnerre qui soit, le diable tente de le déstabiliser par trois fois.
L’Evangile de Luc, même s’il est écrit dans une langue parfaitement maîtrisée, raffinée, n’en cache pas moins un anti-conformisme tout aussi élégant. Luc imiterait-il le chat lorsqu’il donne de jolis « coups de griffe » aux sphères du pouvoir, sans tomber dans l’anarchie qui est le smoking de la bêtise ? Dès le premier chapitre, après avoir présenté et daté tous les personnages les plus illustres, il montre comment Dieu choisit de s’adresser et de donner son Fils à ceux qui sont en dehors du journal officiel. C’est l’évangile des gens sans importance ! Il poursuit les « coups de griffe » à travers ce récit de la tentation si bien construit. Jésus est tenté au désert pendant quarante jours, temps et lieu symboliques. C’est après cela que Jésus « a faim », et que le diable va prendre trois fois la parole pour le tenter sur des aspects du pouvoir. Cette « faim » ne traduirait-elle cet instinct de convoitise propre à chaque personne ?
Par la première tentation, le diable tente Jésus de changer une pierre en pain. Si le pain deviendra plus tard, selon Luc, signe de la charité et du don dans l’amour, alors peut-être est-ce une tentative de pervertir la charité ? N’est-ce pas le problème du pouvoir par la richesse que d’anesthésier les élans du cœur et de le rendre aussi glacial que le coffre d’une banque, réduisant les relations humaines à de purs intérêts spéculatifs ? Dans la deuxième tentation, le diable révèle que le pouvoir temporel et les gloires de ce monde sont en sa possession et qu’il en dispose comme il veut. Magnifique « coup de griffe » qui montre avec ironie, ce que Luc pense sur la question… N’est-ce pas dans ce même Evangile que, par la bouche de Marie, on apprend que Dieu disperse les superbes pour élever les humbles ? Dans la troisième tentation, on peut remarquer que le diable tente Jésus en adoptant son procédé! Jésus a répondu aux deux premières tentations par l’Ecriture, et c’est par une mauvaise interprétation de l’Ecriture que le diable le tente sur le pouvoir spirituel, en plus sur le Temple. Sacrilège de fer dans une parole de velours, qui annonce ce que Jésus reprochera aux scribes et aux pharisiens. Le pouvoir spirituel est toujours en danger de manipuler ce que Dieu lui a révélé et confié pour arriver à ses fins. Ce qui n’est pas le propre de l’autorité religieuse, car même l’autorité politique (ou autre) peut mal interpréter certaines de ses lois et de ses statuts pour arriver à des fins, pouvant cacher des intentions fallacieuses.
Au lieu de considérations « béni oui-oui » sur le traditionnel « jeûne-partage-prière », cet Evangile nous place en plein cœur des coulisses de ce bas monde. Car là où il y a une organisation humaine, il y a un pouvoir et des places à convoiter. Aurons-nous assez de quarante jours pour purifier nos travers vis-à-vis de l’exercice du pouvoir ? N’est-ce pas un appel universel et prophétique à la conversion que le renoncement au ministère pétrinien de Benoît XVI ? N’est-il pas un « coup de griffe » vis-à-vis des terribles tentations boulimiques du pouvoir, pour lequel hélas tous les coups les plus bas sont aujourd’hui permis.
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