Une curieuse gymnastique enseignée par Jésus-Christ!
- bohleremmanuel
- 23 nov. 2020
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Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », pour l’édition du 15 mars 2012. Il s’agit d’un commentaire d’Evangile, pour le 5ème dimanche de carême célébré le 17 mars 2013 (Jn 8, 1-11). Célèbre récit de la femme adultère.

C’est à la fin de la rencontre avec Nicodème que Jésus dit ceci: « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. » (Jean 1-51). Cette expression n’est autre qu’une allusion au récit de la Genèse, en particulier à l’épisode de l’échelle de Jacob. Il est écrit ceci : « « Jacob eut un songe: Voilà qu’une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient! » (Genèse 28-12). Ces 2 citations peuvent nous être très utiles pour comprendre la célèbre péricope de la Femme Adultère dans l’évangile selon saint Jean.
Dans un premier temps, enlevons du texte toutes les paroles prononcées par Jésus, les scribes, les pharisiens, ainsi que la femme adultère. Si nous regardons cette scène comme un cinéma muet, nous pourrons nous rendre compte que Jésus ne fait que « monter et descendre ». A la seule différence que Jésus, tout en s’inspirant de l’Ecriture, propose une inversion, une conversion, un nouveau geste car il commence d’abord par « descendre » ! Il s’abaisse 2 fois vers le sol pour écrire et se taire. Puis, par 2 fois il « monte », se redresse pour parler.
Cette curieuse gymnastique de Jésus nous conduit à penser qu’il y a bien une Epiphanie du mystère de Dieu au sein de cette scène. Il y a rencontre entre Dieu et les hommes ! Il y a la présence d’une échelle qui relie le ciel et la terre, et qui semble être la personne de Jésus-Christ.
Dans un second temps, retrouvons le sens des paroles prononcées, et qui accompagnent ce geste initiatique.
Lorsque Jésus « descend », il se tait à chaque fois et se concentre à l’écriture sur le sol. La première fois, il se tait face à la demande de condamnation de la femme adultère, au nom même de la Loi de Moïse et surtout au piège des scribes et pharisiens qui souhaitent qu’il se compromette. Il reste sourd aux appels de violence et de haine. La deuxième fois, il se tait pour ne pas regarder ceux qui sont en train de quitter la scène, et qui en croisant son regard, auraient pu être rempli de confusion. Jésus est délicat, car il ne souhaite pas générer la honte et la mauvaise culpabilité chez ceux qui voulaient le faire chuter. Autrement dit, en s’abaissant Jésus dépasse le célèbre « œil pour œil, dent pour dent » de Moïse. Il révèle une autre manière de concevoir et de vivre la Miséricorde.
Lorsque Jésus « monte », il prend par 2 fois la parole. Une première fois pour confirmer la Loi de Moïse qui prévoit une sentence vis-à-vis de l’infidélité. Ainsi Jésus a bien de la moralité. Cependant, il ouvre une autre manière de vivre et d’accomplir la Loi. Il « convertit » la manière de juger. Ce n’est plus la Loi seule qui juge, mais c’est avec la manière de vivre que l’on peut se permettre de juger. La deuxième fois, Jésus constate seulement qu’il n’y a plus personne. Et sa parole « libère » la femme adultère de la condamnation et de la mort par lapidation qui devait lui être infligée. Cependant Jésus, l’envoi vers une nouvelle vie. Cette femme est bien transformée et libérée de son péché.
Ainsi, si Jésus par deux fois « descend » et « monte » c’est pour révéler que l’échelle qui relie Dieu et les hommes c’est la Miséricorde, mais une « Miséricorde en chair et en os », c’est-à-dire la personne même de Jésus. Par sa parole et par ses gestes initiatiques, Jésus rend présent la Charité même de Dieu, et nous conduit vers un renouvellement complet de notre être et de notre agir !
En sommes, ce n’est plus la Loi seule qui juge, mais la Miséricorde incarnée et vécue ! Ce n’est plus un code abstrait et arbitraire qui va nous changer, mais une « personne », qui parce qu’elle vit authentiquement de la Miséricorde, nous permettra de nous élever de l’intérieur vers les sommets de la vie bonne.
Si nous constatons un affaiblissement de la vie morale et civique, alors l’Evangile nous invite à vivre de la Miséricorde et à être miséricordieux : voilà le chemin qui nous conduit à la Vie et au renouveau moral. Voilà déjà le message de Pâques qui commence à se lever!
Alors suivons Jésus sur cette « flexion-extension » évangélique !
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