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Lorsque l'amour des Ecritures nous embrase dans l'Amour de Dieu...


Commentaire d’évangile (Jn 12, 13-25) pour le 3ème Dimanche du Carême (année liturgique B), célébrée le dimanche 7 mars 2021.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO, au sein de l'édition du 05 mars 2021.





De la mémoire des disciples va jaillir un psaume, lorsque voyant cette incompréhensible scène l'Ecriture seule peut en révéler le sens et l'Amour.


Si l'on se souvient d'un verset, c'est l'intégralité du psaume 68 (69) qui donne sens au geste de Jésus dans le présent, mais surtout sa portée future au moment de la Pâque.

Tout d'abord l'expression "L'amour de ta maison causera mon tourment" (Ps 68,10) désigne celui qui, face à la mort et un monde hostile, tente de demeurer fidèle à la Loi du Seigneur. Il espère un salut dans la désolation (Ps 68,2-4). Son attitude est suspicieuse, incompréhensible (Ps 68,9). Il y a une persécution : on l'insulte (Ps 68,8), on le hait injustement (Ps 68,5).

Comme l'action du psalmiste, celle de Jésus est incompréhensible pour tous les spectateurs ! En chassant les marchands et en parlant de destruction, sa force ressemble à celle de Samson (Jg 16,23-30) qui jadis détruisit le Temple pour y engloutir les Philistins.

Comme le psalmiste, Jésus se place comme celui qui veut demeurer fidèle à la Loi de son Père et indirectement suggère la compromission du Temple avec l'autorité romaine et une forme d'illégitimité des prêtres issus de la dynastie hasmonéenne.

On ne peut comprendre l'action sans associer tous les signes : ôter les animaux requis pour les sacrifices, détruire le Temple et en 3 jours le reconstruire. Admirable manière d'annoncer le récit de la Passion (Jn 18,1-19,42) ! Jésus sera l'Agneau de Dieu qui en mourant sur la Croix versera de sang et de l'eau pour le 3ème jour ressusciter d'entre les morts ! La formule liturgique où il est désigné comme le prêtre, l'autel et la victime[1] résonne comme une parfaite synthèse des enjeux de ce passage.


La suite du psaume 68 donne des éléments que l'on retrouvera justement mis en scène lors de la Passion. Il évoque l'attitude priante d'un pénitent (Ps 68,11-12). Malgré les moqueries, le psalmiste espère et attend la Miséricorde de Dieu (Ps 68,13-17). D'autant que l'on décrit avec précision son abandon et son martyr : il est seul face à ses oppresseurs (Ps 68,20) qui l'insultent et lui donnent poison et boisson vinaigrée (Ps 68,21-23). Comment ne pas y voir la mise en abîme du silence priant de Jésus, où abandonné progressivement par tous, boira une boisson vinaigrée sur le lieu de son martyr avant de s'en remettre à son Père par un cri de foi : le psaume 21 (22).

Comme le psalmiste, au cœur de son humiliation Jésus adressera ce chant d'action de grâce envers Dieu qui le remettra debout (Ps 68,30-31). Le chant du pénitent meurtri et humilié remplacera les sacrifices d'animaux (Ps 68,32). L'eau des larmes remplacera le sang.

La scène est capitale car elle nous permet déjà de saisir l'Amour de Dieu pour nous : de la Croix jaillira l'authentique chant des sauvés. Jésus, qui est sans péché, prendra la figure du pénitent humilié pour devenir l'offrande qui nous apportera le pardon et la Vie divine par l'eau et le sang.


Alors suivons-le jusqu'au bout sur ce chemin de prière et de purification.

[1] 5ème Préface du Temps pascal.

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