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"Tard je t'ai aimée, Beauté ancienne et si nouvelle..."

Commentaire d’évangile pour le 3ème dimanche de l'avent (Lc 3, 10-18 ; année liturgique C), célébré le dimanche 12 décembre 2021.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 10 décembre 2021.





"…Tu étais au-dedans de moi et moi j'étais dehors, et c'est là que je T'ai cherché. […] Tu étais avec moi et je n'étais pas avec Toi". Jamais ces phrases des Confessions de saint Augustin (Livre 10, chapitre 27) n'auront été autant d'actualité pour comprendre l'Evangile de ce dimanche.


Que ce soit la foule, les publicains ou les soldats, tous demandent la même chose : que faut-il faire ? Tous semblent accaparés par l'action, par l'extérieur, par ce qui se passe "en dehors d'eux-mêmes".

Leur démarche est louable : ils viennent auprès du Baptiste pour recevoir un baptême de conversion. Par leur unique question, ils souhaitent déjà changer leur "extérieur" par une pratique morale. Jean-Baptiste les remet sur les chemins de la Loi : nourrir et vêtir celui qui est dans le besoin (Is 58,7), refuser la convoitise (Ex 20,17), refuser la violence et l'injustice (Lv 19,15-16). En ces temps qui sont les nôtres, vivre ces quelques exigences serait une formidable avancé face à tant de coups bas provenant de poings qui sacrifient faibles et surtout petits par leur hypocrisie.

Mais la pointe de l'évangile n'est pas ici : elle ne réside pas dans ce qui se passe à l'extérieur, "en dehors" puisque tout le monde reste "en attente" malgré le désir de conversion de la pratique !


Cela se passe à l'intérieur, "au dedans", dans la contemplation !

En plus de Celui qui vient, il y a une nouveauté à accueillir et qui va germer dans le secret.

Mais quelle est-elle puisque l'un ne va pas sans l'autre ?


L'annonce de Jean-Baptiste est un guide formidable bien que le plus grand des prophètes soit un piètre homme de la terre !

Si Jean-Baptiste prend l'image du vannage puis du battage pour annoncer la venue de Celui qui vient ; pour ceux qui pratiquent ces anciennes coutumes des moissons céréalières, l'erreur est flagrante pour ne pas dire grossière. On bat d'abord le blé sur l'aire à battre puis seulement après l'on vanne !

Or cette inversion évangélique semble être tout sauf un hasard, car elle met en lumière un acteur particulier. Commencer par la pelle à vanner avant l'aire à battre, c'est placer en premier le rôle incontournable du vent avant l'action de l'homme ! Pour bien vanner il faut se positionner par rapport au vent et seul ce dernier permet de séparer le bon grain de la paille et autres poussières issues du battage. Par cette inversion on s'en remet d'abord au vent de l'Esprit et non à la seule force de l'action humaine.

La nouveauté à accueillir germera par le don de cet Esprit nouveau (1 Co 12, 12-13) ! C'est la primauté de la vie intérieure avant celle de l'action !


Mais quel évènement est annoncé à travers cette image biblique ?

Quel sens donner au baptême dans l'Esprit ? N'est-ce pas l'œuvre de la Résurrection où le vent de l'Esprit redonnera vie et chair à nos ossements desséchés par la mort (Ez 37,1-10). Par le vent d'un Esprit nouveau nos corps deviendront semblables au corps glorieux de Jésus-Ressuscité (Ph 3,21). C'est Lui qui ensuite nous jugera en toute justice (Ac 17,30-31) pour nous faire partager la Gloire qu'il tient de son Père (Jn 1,14).


Jean-Baptiste annonce déjà le Ressuscité, c'est Lui qui doit venir, c'est Lui que l'on attend ! Pour ne pas le manquer entrons-en nous-même, et tel un moulin recherchons d'où vient le vent de cet Esprit nouveau !


Cette page d'évangile est une Ode à la vie selon l'Esprit, à la vie intérieure.

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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