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La mesure de l'Amour, c'est d'aimer sans mesure

Commentaire d’évangile pour le 5ème dimanche du Temps Ordinaire (Lc 5, 1-11 ; année liturgique C), célébré le dimanche 06 février 2022.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 04 février 2022.





Lorsque la démesure inonde le récit évangélique, n'en deviendrait-il pas indigeste jusqu'à nous faire perdre les sens ?



Si la pêche miraculeuse selon Luc est une authentique Epiphanie, il n'en demeure pas moins que ce récit est en trompe l'œil. Comme cette citation "la mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure" mise en exergue de ce commentaire et provenant de Saint Bernard de Clairvaux, ce récit évangélique nous fait perdre le sens.


Attardons-nous à cette démesure.

Démesure de familiarité et de sans-gêne de la part de Jésus, qui à peine après avoir guéri la belle-mère de Pierre (Lc 4,38-40), monte dans une de ses barques, quitte la rive et lui demande d'aller pêcher alors que ses ouvriers ont fini leur travail.

Démesure à la limite du travestissement de la figure de Moïse. Jésus enseigne sur l'eau, mais pourquoi? Et pourquoi s'éloigner de la foule pour se faire entendre ? A moins qu'elle ait "soif" de sa parole, comme jadis Moïse enseignait auprès des eaux de Mara et d'Elim (Ex 15, 22-27) ? C'est là que son bâton, tout en devenant signe de purification d'amertume devint exhortation à la fidélité envers la Parole comme si l'on purifiait le peuple pour le préparer à recevoir les Commandements (Ex 20, 1-17).

Démesure de la capture. Pierre écoute la parole de Jésus : au large il lance ses filets, mais ceux d'une barque prennent des poissons pour deux puisque les deux barques suffirent à peine pour la quantité de poissons.

Démesure de la réception. Plutôt que de bondir de joie parce que le miracle va engendrer une recette substantielle, Pierre se met à développer un sentiment de culpabilité. Pourquoi a-t-il peur de Jésus et se sent-il indigne de lui ?

Démesure concernant le fruit de cette pêche. Le récit nous dit qu'une fois de retour au rivage, Pierre et ses compagnons abandonnent tout pour suivre Jésus. Ont-ils trouvé une richesse plus grande que le fruit de leur labeur ? Ont-ils été rassasiés, désaltérés par autre chose que le fruit de leur travail ? Qu'est devenue cette "manne" de mariculture ? A-t-elle été distribuée à la foule ?



Cette pêche devient comme un baptême pour Pierre !

Il entend la Parole de fidélité à travers l'enseignement de Jésus.

Il voit la pêche miraculeuse et par inversion il comprend que les poissons capturés deviennent l'image des pécheurs libérés, purifiés par le Sauveur. Image éloquente des fruits de la Rédemption, véritable Epiphanie de l'Amour divin !

Pierre comprends qu'il est comme ces poissons. Alors comment ne pas ressentir l'indignation lorsque, malgré nos infidélités envers l'Autre, nous sommes témoins de sa fidélité indéfectible, qui tout en étant conscient et lucide sur nos manquements, perpétue une alliance.

Mais il voit déjà de ses yeux, mystérieusement caché, l'Amour de Dieu qui le pardonnera et qui le maintiendra dans son élection malgré son reniement. Peut-être est-ce pour cela que l'évangéliste Jean mettra la pêche miraculeuse à la fin de son évangile culminant par la triple question "Pierre m'aimes-tu ?"…


A travers cette Epiphanie, c'est déjà l'Amour du Père qui précède le retour d'un fils prodigue (Lc 15, 11-32).

Pierre a trouvé Celui que son cœur aime (Ct 3, 1-4) alors il peut tout quitter pour le suivre !

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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